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NOX


Nuit, mère du Sommeil et du Rêve, Déesse
Secourable et sereine, et chère à ceux qu’oppresse
Ici-bas la douleur de vivre, oh! pourquoi fuir
Chaque matin nos cœurs, qui se sentent mourir
Délicieusement dans tes doux bras de femme!
O Nuit ! pourquoi t’enfuir, pourquoi délaisser l’âme,
Heureuse d’être enfin plongée au gouffre noir,
De ne plus rien entendre et de ne plus rien voir?
— Il faut vivre quand même, et que le jour se lève
Chaque matin, chassant la Nuit, chassant le Rêve;
Ici-bas il faut vivre et distraire les Dieux :
Ainsi les empereurs qui, s’ennuyant chez eux,
Avaient besoin du cirque, où s’égorgeaient des hommes.
— Nuit, prends de nous pitié, voyant ce que nous sommes!