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de sang qui luy est portée par les artéres ; & le cœur, qui est un muscle, ne peut lancer le sang à tout le corps que par le moyen des esprits animaux ; or quand l’ame est tranquille (telle qu’est la tienne) il en communique à toutes les parties, autant qu’elles en ont besoin pour faire les actions auxquelles la Nature les a destinées ; au lieu que dans la profonde aplication des Sçiences, étant agitée d’une foule de pensées, elle dissipe beaucoup de ces esprits, & dans les longues veilles & dans la gêne de l’imagination ; Ainsi tout ce que le cerveau en peut former suffit à peine aux parties qui servent aux desseins de l’ame pour faire les mouvemens précipitez qu’elle leur demande ; & ne coulant que fort peu de ces esprits dans les nerfs qui les portent aux parties qui servent à nous faire digérer ce que nous mangeons, leurs fibres ne peuvent être mûs que trés-foiblement ; ce qui est cause que les actions se font mal, que la coction est imparfaite, que les sérositez se séparant du sang, & s’épanchant sur la teste, sur le corps, sur les nerfs, sur la poitrine, & ailleurs, causent la goute, l’hidropisie, la paralisie, & les autres maladies que tu viens de nommer.

Adario.

A ce conte-là, mon cher Frére, il n’y auroit que les sçavans qui en seroient atta-