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tiez & des haines irréconciliables. Voilà mon Frére, des defences inutiles chez les Hurons, mais qu’on devroit bien faire dans le Païs des François ; ainsi peu à peu reformant les abus que l’intérêt a introduit parmi vous, j’espérerois que vous pourriez un jour vivre sans loix, comme nous faisons.

Lahontan.

Je t’ay déja dit une fois, qu’on châtioit les Joüeurs, on en use des même envers les Maqueraux & les Courtisanes, sur tout envers les Cabarétiers, lorsqu’il arrive du désordre chez eux. La diférence qu’il y a, c’est que nos Villes sont si grandes & si peuplées, qu’il n’est pas facile aux Juges de découvrir les méchancetez qu’on y fait. Mais cela n’empêche pas que les Loix ne les défendent, & on fait tout ce qu’on peut pour rémédier à ces maux. En un mot, on travaille avec tant de soin & d’aplication à détruire les mauvaises coûtumes, à établir le bel ordre par tout, à punir le vice, & à recompenser le mérite, que, pour peu que tu voulusses te défaire de tes mauvais préjugez & considérer à fond l’excellence de nos loix, tu serois obligé d’avouer que les François sont gens équitables, judicieux & sçavans, qui suivent mieux que vous autres les véritables régles de la Justice & de la Raison.

Adario.

Je voudrois bien avoir occasion de le croire avant que de mourir, car j’aime naturellement les bons François ; mais j’apré-