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second lieu de flammes, que tu as oublié, tous ceux qu’il vouloit, & qu’il ouvroit les portes du Pais du grand Esprit à qui bon luy sembloit, parce qu’il avoit les Clefs de ce bon Païs-là ; si cela est, tous ses amis devroient donc se tuer quand il meurt, pour se trouver à l’ouverture des portes en sa Compagnie ; & s’il a le pouvoir d’envoyer les ames dans le feu éternél, il est dangereux d’être de ses ennemis. Ce même Anglois ajoûtoit que cette grande autorité ne s’étendoit nullement sur la Nation Angloise, & qu’on se moquoit de luy en Angleterre. Di-moy, je te prie, s’il a dit la vérité.

Lahontan.

Il y auroit tant de choses à raconter sur cette question, qu’il me faudroit quinze jours pour te les expliquer. Les Jésuites te les distingueront mieux que moy. Néamoins je puis te dire en passant que l’Anglois railloit en disant quelques véritez. Il avoit raison de te persuader que les gens de la Religion ne demandent pas au Pape le chemin du Ciel, puisque cette foy vive, dont nous avons tant parlé, les y conduit en disant des injures à ce saint homme. Le fils de Dieu veut les sauver tous par son sang & par ses mérites ; Or s’il le veut, il faut que cela soit. Ainsi, tu vois bien qu’ils sont plus heureux que les François dont ce Dieu exige de bonnes œuvres qu’ils ne font guéres. Sur ce pied là nous allons en enfer si nous contrevenons par nos méchantes actions au Commandement de Dieu dont nous avons parlé, quoique nous ayons la