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vaises qui brûleront éternellement au centre de la terre ? Il faut que tu accuse Dieu de tirannie, si tu crois qu’il ait créé un seul homme pour le rendre éternellement malheureux parmi les feux du centre de cette Terre. Tu diras, sans doute, que les saintes Ecritures prouvent cette grande vérité ; mais il faudroit encore, si cela étoit, que la Terre fût éternelle, or les Jésuites le nient, donc le lieu des flammes doit cesser lorsque la terre sera consumée. D’ailleurs, comment veux-tu que l’ame, qui est un pur esprit, mille fois plus subtil & plus leger que la fumée, tende contre son penchant naturel au centre de cette Terre ; il seroit plus probable qu’elle s’élevât & s’envolât au soleil, où tu pourrois plus raisonablement placer ce lieu de feux & de flammes, puisque cet Astre est plus grand que la Terre, & beaucoup plus ardent.

Lahontan.

Ecoute, mon cher Adario, ton aveuglement est extrême, & l’endurcissement de ton cœur te fait rejetter cette foy & ces Ecritures, dont la vérité se découvre aisément, lorsqu’on veut un peu se défaire de ses préjugés. Il ne faut qu’examiner les prophéties qui y sont contenues, & qui ont esté incontestablement écrites avant l’événement. Cette Histoire sainte se confirme par les Auteurs payens, & par les Monumens les plus anciens, & les plus incontestables que les siecles passez puissent fournir. Croi-moy, si tu faisois réfléxion sur la maniere dont la Religion de Jesus-Christ s’est établie dans le