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lens aux hommes les moins hommes. Sur cela je suis,

Monsieur,
Vôtre &c. à Erleich.
Le 4 Juillet, 1695.


MONSIEUR,



POur le coup je suis sauvé, aprez l’avoir échapé belle, comme vous l’aurés sans doute apris, lorsqu’on vous aura donné des nouvelles de ma fuite, dont voicy le détail, en fort peu de mots. J’étois prêt à me trouver au Rendez-vous que je vous avois donné à Orthez, & pour cet effet j’avois esté à Dax, où je devois recevoir des papiers qui me paroissoient fort utiles ; quand, par un bonheur sans égal, une lettre d’une certaine personne de Versailles me fut rendue. Je ne l’eus pas plûtôt leüe que je pris le chemin de mon Auberge, afin de méditer les moyens de sortir du Royaume, sans être poursuivi. Vous pouvez croire que mon Conseil fut bien tôt assemblé, car une cervelle comme la mienne n’est pas de nature à perdre le temps en délibérations. Sur ce pied, je me déterminai à donner le change à mon Hôte, luy demandant par écrit le chemin d’Agen, où je suposay avoir quelque afaire. Le meilleur de l’affaire c’est que j’avois déjà tiré de mes Fermiers prés de deux cens Loüis, comme vous l’avez apris,