Page:Lahontan - Dialogues avec un Sauvage.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des Sorciers, & les sept Trompétes. Quelle apparence y a-t-il qu’Eric Roy des Gots fût surnommé Chapeau venteur, à cause qu’il appeloit tous les vens avec son chapeau, les faisant tourner vers la partie du Monde que bon luy sembloit ? Que Paracelse eût une Armée de Diables sous son commandement ; Que Santabarenus fît voir à l’Empereur Basile son fils en vie, quoiqu’il fût mort ; Que Michel l’Ecossois prédît à l’Empereur Frédéric II. le jour qu’il mourroit à Fiorenzola dans la Poüille, que Pithagore fît mourir un serpent en Italie, par la vertu de certaines paroles magiques ? Cependant ces Auteurs soûtiennent cent mille fables de cette nature, comme des Véritez incontestables. Mais ce que Gervais soûtient de la mouche d’airain de Virgile, couronne l’œuvre. Je m’étone qu’un Chancelier de l’Empéreur Othon ait pû montrer son extravagance par cette fausseté, suivie de mille autres ; cela vous fait voir que la Dignité de Chancelier n’a pas toûjours la vertu de rendre sages tous ceux qui en sont revêtus. N’avons-nous pas oüy dire cent fois que le Diable avoit emporté le Président Pichon ? Persone ignore-t il le pacte de Mr. le Marêchal de Luxembourg ; & ne croit on pas aveuglément que le pauvre Grandier[1] fit sortir cent diabletins de l’enfer, pour entrer dans le corps des Réligieuses de Loudun ? Quelles impertinentes sotises allégue Jean Schefer dans

  1. Curé de Loudun que la tiranie du Cardinal de Richelieu fit périr par le feu, sans avoir commis d’autre crime que celuy de luy avoir déplû.