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sage Prince, me fit bien connoistre que ce Ministre étoit moins sévére par principe d’équité, que pour suivre la dureté de son naturel Iroquois. Cependant, je pensai mourir de chagrin, quoique tous mes Amis tâchassent de me consoler, en me conseillant de m’élever au dessus de ma mauvaise fortune, jusqu’au changement de Gouvernement. Ils ne balancérent point à me persuader de chercher quelque azile où je pûsse être à couvert de la fureur de Mr. de Pontchartrain, pendant qu’il plaira à Dieu de le laisser vivre pour lui donner le temps de se convertir. Je ne veux pas que le pecheur meure, mais je veux qu’il se convertisse &c. Cette exhortation est d’une belle spéculation, mais peu eficace lorsqu’il s’agit d’attendre si long temps, sans autre ressource que le trésor du fond de la boëte de Pandore. Adieu ; Monsieur, je partirai incessamment pour ma Province, où je ne ferai que passer comme un éclair ; je ne vous écris pas le reste, me contentant de vous dire simplement que je suis,

Monsieur,

Vôtre, &c. A Paris ce 29. Decembre 1694.


MONSIEUR,



VOus serez bien surpris d’aprendre que je suis à la veue d’une Terre dont il ne me reste que le nom. Mais ce qui suit vous surprendra d’avantage, c’est que toutes les