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plus grandes, & celles de Holstein plus petites. l’Aune de Copenhague est d’un pouce & demi plus grande que nôtre demi-aune.


MONSIEUR,



JE partis de Copenhague trois jours aprez la datte de ma derniére Lettre, par la commodité des Carrosses de Mr. de Bonrepaus, qui voulant éviter l’embarras du passage des deux Belts, prit les devans pour aller attendre à Coldink le Roy de Danemarc. Il faut que vous sachiez que ce Prince fait tous les ans ce voyage en poste, quoique sa suite soit de mille ou douze cens personnes. Les Païsans des Villages situez sur la route, ou aux environs, sont obligez d’amener leurs chevaux à jour, & lieu nommé, pour être aussitôt attelez aux Carrosses & aux Chariots, qui contiennent ce nombre de gens avec leur bagage. Ces chevaux, quoique petits, sont nerveux, forts, vigoureux, ramassez, insensibles au froid, & même assez legers pour aller au grand trot, presque aussi vîte qu’au Galop ; la course ordinaire de ces Animaux est de deux ou trois lieus, aussi bien que celle des soldats de Cavalerie, qui se trouvent à toutes les postes pour escorter le Roy des unes aux autres. C’est le 15. de Septembre que nous partîmes de Copenhague & nous arrivâmes dans trois heures à Roskild, ayant fait 6. lieües de 20. au degré. Nous n’eûmes que le temps de voir les Tombeaux des Rois de Danemarc, pendant que les Païsans atetoient leurs Chevaux aux Carrosses, & aux Chariots.