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je revins dans cette Ville, qui peut être mise au rang de celles qu’on appelle en Europe grandes & belles. La fortification en est bonne & réguliere ; mais par malheur elle n’est pas revêtue. La Citadelle qui défend l’entrée du Port a le même défaut. Ce Port est un des meilleurs du monde, car la Nature & l’Art l’ont mis à couvert de toute forte d’insulte. Le terrain de Copenhague est uni, les rues sont larges, & les maisons presque toutes de brique à trois étages. On y voit trois belles Places ; entr’autres celle du Marché du Roy, ainsi nommée à cause de sa Statue Equestre qu’on a eû le soin d’y élever. Cette Place est environée de quelques belles Maisons ; dans l’une desquelles Mr. de Bonrepaus est logé. Cet Ambassadeur avoit besoin d’une aussi grande Maison que celle qu’il occupe, ayant un aussi grand train. La magnificence de sa Table répond merveilleusement bien à celle de ses Equipages ; Tout le monde l’estime & l’honnore avec raison. Je n’en dirai pas davantage voulant ratraper l’article de la Ville, qui paroît très avantageusement située, comme on le peut voir dans la Carte de l’Ile de Zélande. Elle est fort commode pour les Vaisseaux marchans qui peuvent entrer, sans peine, dans les Canaux qui la traversent. On y voit des Edifices curieux, les Eglises de nôtre Dame et de St. Nicolas sont grandes & belles. La Tour ronde, dont l’escalier à girons rempans perméttoit aux Carrosse de monter jusqu’au haut, passe pour une curieuse Masse d’Architecture. La Bibliothéque, qui se trou-