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de toutes sortes de marchandises étrangeres, par la commodité de l’Elbe, qui porte des bâteaux plats de 200. Tonneaux jusqu’au dessus de Dresde, & même on peut dire que cette Ville est d’un grand secours à l’Electeur de Brandebourg, puisque ces mêmes Bateaux montent jusques dans l’Aprée & dans quelques autres Riviéres des Etats de ce Prince. Les Marchans de Hambourg trafiquent dans toutes les parties du Monde, à la réserve de l’Amérique ; ils envoyent peu de Vaisseaux aux Indes Orientales, & dans le fonds de la Méditerrannée, mais beaucoup en Afrique, en Moscovie, en Espagne, en France, en Portugal, en Hollande, & en Angleterre, & même ils ont deux Flottes qui font le Commerce d’Arcangel, où elles se trouvent annuellement à la fin des mois de Juin, & de Septembre. Cette petite République entretient quatre Vaisseaux de guerre de cinquante Canons, & quelques Frégates legéres, qui servent à convoyer les Vaisseaux destinez pour la Méditerranée, ou pour les Côtes de Portugal & d’Espagne, où les Mores ne manqueroient pas de les enlever, s’ils naviguoient dans ces Mers-là sans escorte. Cette Ville n’est ni belle ni laide, mais la plupart des Rues sont si étroites, que les Carrosses sont obligés d’arrêter ou de reculer à tout moment. On s’y divertit assez bien. On y trouve ordinairement des Troupes de Comédiens François ou Italiens, & même un Opera Allemand, dont la Maison, le Théatre & les décorations ne cédent en rien aux plus beaux de l’Europe. Il est vray