Page:Lahontan - Dialogues avec un Sauvage.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous remarquerez qu’il y a des Chenaux entre ces Iles & la Terre ferme, qui sont plus profonds que le reste du Terrain, qu’on découvre à droit & à gauche, lequel asséche toutes les marées. Il est aisé de suivre ces Chenaux par le moyen de certaines Balizes, ou Arbrisseaux, plantées sur le sable de distance à autre. Dez-que la marée est à demi haute, on peut lever l’ancre, en suivant ces Chenaux, quoiqu’ils serpentent extrêmement ; & même il est facile de lauvoyer à la faveur du Courant, quand le vent est contraire, jusqu’à ce que la Mer vienne au point d’estre presque basse. Car alors il faut que le Bâtiment échoue sur le sable, & demeure ensuite tout à fait à sec. Je vis plus de trois cents Boyers plus grands que le nôtre, durant le cours de cette navigation, qui me paroît aussi seure que celle d’une Riviére, à la réserve d’un trajet de 10. lieües, qu’on est obligé de faire en pleine mer, depuis la derniere Ile jusqu’à l’emboûchûre de l’Elbe. Les marées montent 3. brasses à pic, depuis l’entrée de cette Riviére jusqu’à Lauxembourg situé à dix ou douze lieües au dessus de Hambourg ; ce qui fait que les Vaisseaux de guerre peuvent aisément monter jusqu’à cette derniére Ville.

Cette navigation d’Amsterdam à Hambourg, se fait ordinairement en sept ou huit jours, parce que les vents d’Ouest régnent les trois quarts de l’année dans ces parages là. Mais nôtre Voyage n’en dura que six, quoique nôtre Patron fût obligé de perdre une marée