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ques Auteurs Espagnols, lesquels n’ayant pû s’empêcher d’avoüer qu’il n’est pas permis d’avoir plus d’esprit que ce Poëte infortuné, l’ont traité d’incrédule & de profane. : Un Moine-Catalan se récrie sur cent endroits de ses Luziadas Endechas Estrivillas &c. en le traitant d’impie & d’évaporé. J’en citeray deux icy. Le premier est la chute d’un sonnet intitulé soneto Não impresso, où il dit, aprez quelques réfléxions : Mais o melhor de tudo e crer en Christo. C’est à dire aprez tout le plus seur est de croire en Christ. Le second est aussi la fin d’une Gloza ; le voici. Si Deus se Busca no mundo nesses olhos se achara. Cela veut dire parlant à une Dame ; si l’on cherche Dieu dans le monde, on le trouvera dans vos yeux. Les Prédicateurs Portugais élévent leurs Saints presque au dessus de Dieu, & pour leur faire valoir leurs soufrances, ils les logent plûtôt aux Ecuries qu’en Paradis. Ils finissent leurs sermons par des exclamations & des cris si touchans, que les Femmes pleurent & soupirent comme de pauvres désespérées. On tient icy le mot d’Hérétique pour un Tître fort infamant ; la signification en est même trés odieuse. Les Prêtres & les Moines ont autant d’horreur pour Calvin, à cause de la Confession retranchée, que les Religieuses ont d’estime pour Luther, à cause de son mariage monasterizé ; On a fait icy des processions tous les Vendredis du Carême d’un bout de la ville à l’autre. J’ay vû plus de cent Disciplinans vêtus de blanc, lesquels ayant le visage couvert & le dos nû, se fouétoient de