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Supérieurs, de porter le chapeau dans la Ville ; (c’est à dire d’aller sans compagnon) de coucher hors du Couvent, & même de faire quelque séjour à la Campagne ou ailleurs. Ils seroient, peut-être, plus sages, & leur nombre plus petit, si on ne les obligeoit pas de faire leurs derniers vœux à l’âge de quatorze ans ; aussi bien que les Réligieuses. La plûpart des Carrosses de Portugal sont des Carrosses coupés, qu’on y porte de France. Il n’y a que ceux du Roy & des Ambassadeurs qui puissent estre atelés avec six Chevaux ou six Mules. Les autres personnes, de quelque Nation ou distinction qu’elles soient, n’en ont que quatre dans la Ville ; mais ils en peuvent mettre cent lorsqu’ils sont hors de l’enceinte. Il n’y a que les jeunes gens qui aillent ordinairement en Carrosse, Car les Dames & les Vieillards se servent de litiéres. Ces deux Voitures ne sont permises qu’aux Nobles, aux Envoyez, aux Résidens, aux Consuls, & aux Ecclésiastiques. Ce qui fait que les plus riches Bourgeois & Marchands se contentent d’une espéce de caléche à deux roües, tirée par un Cheval qu’ils conduisent eux-mêmes. Les Mulets, qui portent les litiéres, sont plus grands, plus fins, & moins chargés d’encoleure que ceux d’Auvergne. Le couple vaut ordinairement huit cens Ecus ; & même il y en a qui se vendent jusqu’à douze cens ; sur tout ceux qu’on choisit dans la Province du fameux Don Guichot, qui parôit assez éloignée de Lisbonne. Les Mules qui tirent le Carrosse viennent de l’Estramadure, & le couple vaut cent pistoles, ou environ. Celles dont on se sert