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magnifiques Eglises. Les plus considérables sont la Ceu, nôtre Dame de Loreto, san Vicente, san Roch, San Pable, & Santo Domingo. Le Monastére des Bénédictins de san Bento est un des plus beaux & des mieux rantés ; il eut le malheur de soufrir un incendie qui consuma, le mois passé, une partie de ce bel Edifice, d’où je vis sortir plus de vaisselle d’argent que six mulets n’auroient pû porter. Le Palais du Roy seroit un des plus superbes de l’Europe s’il étoit achevé ; mais il en coûteroit du moins deux millions d’écus pour mettre cet Ouvrage dans la perfection. La demeure ordinaire des Etrangers, est vers le Remolar, & dans les Maisons de la Façade Du Tage. Je connois plusieurs Marchans François Catholiques & Protestans, qui font un commerce considérable dans ce Païs-là. Les premiers y sont sous la protection de France, & les seconds sous celle d’Angleterre ou de Hollande. On y peut compter aussi prés de cinquante Maisons Angloises, autant de Hollandoises, & quelques autres Etrangers, qui s’enrichissent en trés-peu de temps par le grand trafic des Marchandises de leur Païs. Les Baetas[1] d’Angleterre, qui sont de petites étofes legéres s’y débitent avantageusement. Les toiles de France, les étofes de soye de Tours & de Lion, les rubans, les dentelles, & la quinquaillerie raportent de gros profits. Par les retours de sucre, de tabac, d’indigo, de cacao, &c. L’Alfandiga[2] du sucre & du tabac est un des meilleurs revenus du Roy. Aussi bien que celle des soyeries, des toiles

  1. Etofes de Colchester.
  2. Doüane.