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située à son embouchûre, où les sages Navigateurs ne doivent se présenter que dans un beau temps, aprez avoir eû la précaution de faire venir à bord les Pilotes du Païs ; car il se trouve des Rochers cachez & découverts sur les sables de cette Barre, qui la rendent inaccessible aux Etrangers. Les Vaisseaux de 400. Tonneaux y trouvent assez d’eau vers le moment de la pleine mer, qui est le véritable temps dont il est à propos de se servir pour entrer dans cette Riviére. Il régne un beau quay d’une extrémité de la ville à l’autre ; le long duquel chaque bâtiment est amarré vis à vis de la Maison de son Propriétaire. J’eus le temps de voir la Flotte Marchande du Brezil, qui consistoit en 32. Navires Portugais, dont le moindre étoit armé de 22. Canons. Outre cela, je vis encore dans la Riviére quantité de Vaisseaux étrangers, sur tout cinq ou six Armateurs François, qui s’étoient jettez là pour acheter des vivres & des munitions. Cette Ville de Porto est belle, propre, & bien pavée, mais aussi trés-incommode par le desavantage de sa situation montueuse. Car il faut toûjours monter & décendre. La Galerie des Chanoines Réguliers de St. Augustin, est une piéce d’Architecture aussi curieuse par son extrême longueur, que leur Eglise par sa figure en rotonde, & par la richesse du dedans. Il y a un Parlement, un Evêché, des Académies où les jeunes Gens aprénent leurs exercices & un Arsenal pour l’é-