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Ciel daigne combler de prospéritez, en le préservant d’aucune discussion d’affaire avec la plûpart des Ministres d’Etat ou de l’Evangile ; car ils auront toûjours raison, quelque tort qu’ils ayent, jusqu’à ce que l’Anarchie soit introduite chez nous, comme chez les Amériquains, dont le moindre s’estime beaucoup plus qu’un Chancelier de France. Ces peuples sont heureux d’être à l’abri des chicanes de ces Ministres, qui sont toujours maîtres par tout. J’envie le sort d’un pauvre Sauvage, qui leges & Sceptra terit, & je souhaiterois pouvoir passer le reste de ma vie dans sa Cabane, afin de n’être plus exposé à fléchir le genou devant des gens, qui sacrifient le bien public à leur intérest particulier, & qui sont nais pour faire enrager les honêtes gens. Les deux Ministres d’Etat à qui j’ay affaire, ont été sollicitez en vain par Madame la Duchesse du Lude, par Mr. le Cardinal de Bouillon, par Mr. le Comte de Guiscar, par Mr. de Quiros, & par Mr. le Comte d’Avaux ; rien n’a pû les fléchir, quoi-