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nous ne sçaurions porter des fardeaux si pesans que vous faites, jusqu’à cet âge-là ; mais ensuite les forces diminuent chez vous, en declinant à vûe d’æuil ; au lieu que les nôtres se conservent jusqu’à cinquante cinq ou soixante ans. C’est une vérité dont nos Filles peuvent rendre un fidéle témoignage. Elles disent que si un jeune François les embrasse six fois la nuit, un jeune Huron n’en fait que la moitié ; mais aussi elles avoüent que les François sont plus vieux en ce commerce à l’age de trente cinq ans, que nos Hurons à l’âge de cinquante. Cet aveu de nos belles Filles (à qui l’excez de vos jeunes gens plaît beaucoup plus que la moderation des nôtres) m’a conduit à cette réflexion ; qui est que cette goute, cette hidropisie, phtisie, paralisie, pierre, gravele & ces autres maladies, dont nous avons parlé, proviennent, sans doute, non seulement de ces plaisirs immodérez, mais encore du temps & de la maniére dont vous les prenez. Car au sortir du repas, & à l’issue d’une corvée de fatigue, vous embrassez vos femmes, autant que vous pouvés, sur des chaises, ou debout, sans considérer le dommage qui en résulte : témoins ces jeunes gaillards, qui font servir leur table de Lit, au Village de Dossenra. Vous estes encore sujets à deux maladies que nous ne connoissons pas ; l’une que les Ilinois appellent Mal chaud, dont ils sont attaqués, aussi bien que les Peuples du Missisipi, laquelle maladie passe chez vous pour le mal des femmes ; & l’autre que vous appelez