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le merveilleux voyage de nils holgersson

à l’égard de la vieille oie-guide. On ne s’insurgeait pas contre sa volonté.

Le pré marécageux où paissaient les oies était bordé d’un côté par un large mur de pierres sèches. Or le soir, lorsque le gamin leva la tête pour parler à Akka, ses yeux tombèrent sur ce mur. Il poussa un petit cri d’étonnement, et toutes les oies levèrent les yeux et se mirent à regarder dans la même direction que lui. Au premier moment on eût dit que les galets gris dont était construit le mur avaient des pattes, et couraient ; mais bientôt ils virent que c’étaient des bandes de rats qui passaient sur la crête. Ils galopaient vite, et leurs rangs étaient si serrés et si nombreux qu’ils couvrirent le mur pendant un bon moment.

Le gamin avait déjà peur des rats quand il était un grand et fort gaillard. C’était bien pis maintenant ; il était si petit que deux ou trois rats auraient eu raison de lui. Des frissons lui passèrent le long du dos. Chose étrange, les oies semblaient avoir la même horreur des rats. Elles ne leur adressèrent pas la parole, et lorsqu’ils eurent passé, les oies se secouèrent comme si elles avaient de la boue sur leurs plumes.

— « Que de rats gris dehors ! dit Yksi de Vassijaure. Ce n’est pas bon signe. »

Nils crut l’instant favorable pour dire à Akka qu’elle devrait bien le laisser venir avec elles à Kullaberg, mais il en fut empêché par l’arrivée d’un très grand oiseau.

À le voir, on eût dit qu’il avait emprunté le corps, le cou et la tête d’une petite oie blanche. Mais en outre, il s’était procuré de grandes ailes noires, de hautes pattes rouges et un bec long, épais, beau-