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alouettes. S’il devenait leur ami, ils pourraient l’avertir des dangers, lui procurer des cachettes, et même au besoin se coaliser pour le défendre.

Mais dans l’après-midi, lorsque le gamin, voulant profiter du conseil, s’adressa à Sirle, l’écureuil, pour lui demander sa protection, celui-ci refusa de l’aider. « N’attends jamais rien ni de moi ni des autres petits animaux, dit Sirle. Crois-tu donc que je ne sais pas que tu es Nils le gardeur d’oies ? L’année dernière tu détruisais les nids des hirondelles, tu écrasais les œufs des sansonnets, tu dénichais les petits corbeaux et les jetais dans la mare, tu prenais des merles au piège et mettais des écureuils en cage. Aide-toi toi-même, et sois content si nous ne nous unissons pas contre toi pour te chasser d’ici et te faire retourner parmi les tiens. »

C’était une de ces réponses que le gamin n’aurait pas laissé passer impunie autrefois, lorsqu’il était encore Nils le gardeur d’oies, mais maintenant il avait grand’peur que les oies sauvages n’apprissent combien il avait été méchant. Dans sa crainte d’être renvoyé, il n’avait pas osé faire la moindre niche depuis qu’il était dans leur compagnie. Il est vrai qu’il n’était pas en état de faire grand mal, étant si petit, mais il aurait pourtant bien pu détruire quelques œufs d’oiseaux s’il en avait eu envie. Non, il avait été très sage, il n’avait même pas arraché une plume aux ailes des oies, il n’avait pas fait une seule réponse impolie, et chaque matin, en disant bonjour à Akka, il avait ôté son béret.

Tout le jeudi il réfléchit à ce qu’il pourrait bien faire pour décider les oies à l’emmener en Laponie. Le soir, apprenant que la femme de Sirle avait été ravie, et que ses enfants étaient sur le point de