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le merveilleux voyage de nils holgersson

laissa glisser à terre le long de la gaule, et disparut par la porte.

La vieille femme pensait ne plus le revoir cette nuit-là ; elle resta cependant près de la fenêtre. Au bout d’un instant elle le vit revenir. Il était si pressé que ses pieds ne semblaient pas toucher le sol ; il courut à la cage. La vieille femme le vit nettement de ses yeux de presbyte. Elle s’aperçut même qu’il tenait quelque chose dans ses mains, mais sans pouvoir distinguer ce que c’était. Il posa sur le pavé ce qu’il tenait dans sa main gauche et porta jusqu’à la cage ce qu’il avait dans la droite. Il heurta de son sabot la petite fenêtre, la brisa, et tendit ce qu’il tenait à l’écureuil. Puis il redescendit, prit ce qu’il avait posé sur le sol et regrimpa à la cage. Aussitôt après il s’enfuit, si vite que la vieille put à peine le suivre des yeux.

Ce fut alors la vieille grand’mère qui ne put rester tranquille dans la maison ; tout doucement elle gagna la porte, et se cacha dans l’ombre de la pompe pour guetter le tomte. Un autre être l’avait aussi aperçu, et était intrigué. C’était le chat. Il se glissa doucement jusqu’au mur et s’arrêta un peu avant le rayon lumineux. Ils attendirent longtemps dans la froide nuit de mars. La vieille pensait à rentrer quand elle entendit du bruit sur le pavé, et vit que le petit tomte revenait en trottinant. Comme précédemment il avait les deux mains chargées, et ce qu’il portait piaillait et s’agitait. La vieille comprit qu’il avait été chercher les petits de l’écureuil dans le bois de coudriers, et qu’il les lui rapportait pour les empêcher de mourir de faim.

Elle demeurait immobile pour ne pas l’effrayer et il ne semblait pas que le tomte l’eût aperçue. Il allait