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illuminée que la vieille femme pouvait distinguer les trous et les crevasses dans le mur en torchis.

Elle voyait aussi la cage de l’écureuil, suspendue juste à l’endroit le plus éclairé.

Elle observa que l’écureuil courait toute la nuit sans repos de la petite maison à la roue, de la roue à la petite maison. Elle pensa que l’animal était en proie à une étrange inquiétude, mais elle supposait que c’était la forte lumière qui l’empêchait de dormir.

Entre l’étable et l’écurie se trouvait un large passage couvert qui menait à la porte cochère. Ce passage était situé de façon qu’il était éclairé lui aussi. Assez avant dans la nuit, la vieille grand’mère vit tout à coup sortir à pas prudents de dessous la voûte un petit homme pas plus haut qu’un revers de main. Il était en sabots et en culottes de cuir comme un ouvrier. La vieille grand’mère comprit tout de suite que c’était le tomte et elle n’eut pas peur. Elle avait toujours entendu dire qu’il demeurait par là et elle savait que le tomte portait bonheur partout où il passait.

Dès que le tomte fut entré dans la cour, il courut à la cage de l’écureuil. Ne pouvant y atteindre, il alla chercher une gaule qu’il plaça contre la cage et le long de laquelle il grimpa ensuite comme un marin le long d’une corde. Il secoua la porte de la petite maison verte, mais la vieille grand’mère était bien tranquille ; elle savait que les enfants y avaient mis un cadenas de crainte que les enfants du voisin ne vinssent voler leur écureuil.

Le tomte ne pouvant ouvrir la porte, la vieille femme vit l’écureuil sortir dans la roue. Là tous deux eurent un long conciliabule, puis le tomte se