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le merveilleux voyage de nils holgersson

posée d’une petite maison peinte en vert et d’une roue en fil de fer. La petite maison, qui avait portes et fenêtres, servirait de salle à manger et de chambre à coucher ; on y arrangea une couchette de feuilles et on y mit un bol de lait et une poignée de noisettes. La roue devait être la salle de jeu où la petite bête pourrait courir et grimper.

Les gens de la ferme trouvaient qu’ils avaient arrangé tout très bien pour l’écureuil et s’étonnèrent que son habitation ne parût guère lui plaire. Elle restait triste et revêche dans un coin de la chambrette : de temps en temps elle faisait entendre un cri de douleur aigu. Elle ne toucha pas à la nourriture. « C’est parce qu’elle a peur, disaient les gens ; demain, lorsqu’elle se sentira chez elle, elle mangera et jouera. »

Or, à ce moment, les femmes de la maison besognaient aux préparatifs d’un banquet, et le jour où l’on captura l’écureuil, on cuisait du pain. Soit qu’une malchance eût retardé le travail en empêchant la pâte de lever, soit qu’on eût été nonchalant, on dut veiller bien avant dans la nuit.

Dans la cuisine régnait une activité fiévreuse, et l’on ne prenait certes pas le temps de songer à l’écureuil. Mais il y avait à la maison une vieille grand’mère, trop âgée pour aider à la cuisson du pain. Elle s’en rendait parfaitement compte, mais elle ne pouvait accepter l’idée d’être mise de côté.

Trop triste pour aller se coucher, elle s’était assise à la fenêtre et regardait dehors. À cause de la chaleur, la porte de la cuisine était restée ouverte ; la lumière qui sortait de cette porte éclairait toute la cour. C’était une cour entourée de constructions des quatre côtés, et la maison d’en face était si bien