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le merveilleux voyage de nils holgersson

l’eau toutes ensemble, et secouaient leurs ailes. Puis elles se formèrent en une longue ligne, l’oie-guide en tête et vinrent vers eux.

Lorsque le jars blanc considéra les oies sauvages, il se trouva mal à l’aise. Il avait cru qu’elles ressemblaient davantage aux oies domestiques et qu’il se sentirait davantage leur parent. Elles étaient beaucoup plus petites que lui ; aucune n’était blanche ; toutes étaient grises, striées de brun, et leurs yeux lui firent presque peur. Ils étaient jaunes et brillaient comme si du feu brûlait derrière. Le jars avait toujours appris qu’il était convenable de marcher lentement en se dandinant. Or, elles ne marchaient pas, mais couraient. Il fut surtout inquiet quand il vit leurs pieds. Ils étaient larges, avec des semelles usées et déchiquetées. On comprenait que les oies sauvages ne se demandaient jamais sur quoi elles marchaient. Elles ne faisaient jamais de détours. Elles étaient bien mises et très soignées, mais on voyait à leurs pieds qu’elles étaient de pauvres habitantes des déserts.

Le jars eut à peine le temps de glisser au gamin : « Réponds hardiment pour toi, mais ne dis pas qui tu es. » Elles étaient déjà là.

Les oies sauvages les saluèrent du cou plusieurs fois, et le jars en fit autant, mais plus longuement. Après qu’on se fut assez salué, l’oie-guide dit : « Nous voudrions bien savoir qui vous êtes ? »

— Je n’ai pas grand’chose à dire sur moi, répondit le jars. Je suis né à Skanör le printemps dernier. En automne j’ai été vendu à Holger Nilsson de Vemmenhög chez qui je suis resté depuis.

— Tu sembles n’avoir aucune famille de qui te réclamer, dit le guide. Qu’est-ce donc qui te prend