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le merveilleux voyage de nils holgersson

l’écurie. Rien n’est plus terrible que d’être endetté. Il vaut mieux vendre la maison.

— Je ne dirais rien contre ce projet, répondit la mère, s’il n’y avait pas le gamin. Que ferait-il, s’il revenait un jour, pauvre et misérable, et qu’il ne nous trouvât pas ici ?

— C’est triste certainement, répondit le père, mais il faudrait demander à ceux qui achèteront la ferme de l’accueillir avec douceur et de lui dire qu’il est toujours attendu et bienvenu chez nous. Car nous ne lui dirons pas un mot de reproche. C’est entendu, n’est-ce pas ?

— Certainement ! Ah ! si seulement il était là, et que je n’eusse pas à me dire qu’il a faim et froid sur les routes !

Nils n’entendit pas davantage de leur conversation, car ils entrèrent dans la maison. Il aurait voulu courir après eux, mais ne seraient-ils pas encore plus chagrinés de le retrouver tel qu’il était ?

Pendant qu’il hésitait encore, une voiture s’arrêta à la grille. Nils faillit pousser un cri d’étonnement en voyant descendre deux personnes qui ne pouvaient être qu’Asa et son père. Ils montèrent vers la maison la main dans la main, graves et recueillis, avec une belle lumière de bonheur dans les yeux. Arrivés à mi-chemin, Asa arrêta son père :

— C’est entendu, n’est-ce pas, père ; nous ne dirons rien de ce tomte qui ressemble tant à Nils, du petit sabot ni des oies.

— Certainement non ! répondit Jon Assarsson. Je dirai seulement que leur fils t’a aidée plusieurs fois pendant que tu me cherchais à travers le pays, et que nous sommes venus leur demander si nous ne pouvions pas en revanche leur rendre quelque service,