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le merveilleux voyage de nils holgersson

quelques grands bâtiments lourds, surmontés de hautes cheminées, et entourés de maisonnettes.

« C’est la raffinerie de Jordberga, criaient les coqs. C’est la raffinerie de Jordberga ! » Le gamin tressaillit. Comment n’avait-il pas reconnu cet endroit ? Ce n’était pas très loin de chez lui ; l’été précédent il y avait été placé comme petit pâtre. Mais vu d’en haut, tout avait un autre aspect.

Jordberga ! Jordberga ! Et Asa, la gardeuse d’oies, et le petit Mats qui avaient été ses camarades ! Comme il aurait aimé savoir s’ils étaient encore là. Qu’est-ce qu’ils auraient dit, s’ils s’étaient douté que Nils volait en ce moment au-dessus de leur tête ?

Mais bientôt on perdit de vue Jordberga ; on vola vers Svedala et Skabersjö, pour revenir vers le couvent de Börringe.

Le gamin vit plus de la Scanie en cette seule journée que pendant toutes les années qu’il avait vécu.

Lorsque les oies sauvages rencontraient des oies domestiques, c’est alors qu’on s’amusait le plus ; elles volaient très lentement en appelant : « Nous voilà en route pour les fjells. Venez-vous ? Venez-vous ? »

Mais les oies domestiques répondaient : « L’hiver est encore dans le pays. Vous êtes venues trop tôt. Repartez ! Repartez ! »

Les oies sauvages descendaient très bas pour se faire bien entendre, et criaient : « Venez, nous vous apprendrons à voler et à nager ! »

Irritées, les oies domestiques ne daignaient même pas caqueter une réponse.

Les oies sauvages s’abaissaient encore davantage jusqu’à effleurer presque le sol, puis elles remon-