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à travers la suède

soutenir une conversation avec ces inconnus. Elle imagina donc d’y arriver un soir lorsque tout le monde aurait fini son travail et se tiendrait dans la maison.

Elle n’aurait pas cru que ce serait une sensation aussi étrange de rentrer. Pendant que la voiture la portait vers la vieille maison, elle se sentait rajeunir à chaque instant ; bientôt elle n’était plus une vieille femme aux cheveux déjà grisonnants, mais une gamine en jupes courtes, avec, dans le dos, une longue natte de cheveux couleur de lin. En reconnaissant chaque maison le long de la route, elle ne pouvait admettre que là-bas, à la maison, tout ne fût pas comme dans le passé. Père, mère, frères et sœurs l’attendaient sur le perron, la vieille gouvernante accourrait à la fenêtre de la cuisine pour la voir, Néron et Freya et deux ou trois autres chiens se précipiteraient et gambaderaient autour d’elle.

Plus elle approchait, plus elle se sentait heureuse. On était en automne, et voilà qu’allait s’ouvrir une période de besognes variées, mais la multitude même de ces besognes était cause qu’on ne s’ennuyait jamais. En route, elle avait vu les gens occupés à arracher les pommes de terre ; sans doute en était-il de même chez elle. Le premier travail qui l’attendrait serait par conséquent de râper les pommes de terre pour en fabriquer de la fécule. L’automne avait été très doux. Elle se demandait si on avait tout récolté dans le jardin. Les choux n’étaient sans doute pas encore coupés. Et le houblon, était-il ramassé ? Les pommes étaient-elles cueillies ?

Peut-être aussi était-ce le grand remue-ménage du nettoyage de la maison avant la foire d’automne, qui était une fête surtout pour les domes-