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à travers la suède

mener et de ce que tu manges. Comptes-tu t’adonner à la chasse aux rats ?

— Dieu m’en garde, fit le gamin. Il y a plus de danger que les rats ne me dévorent, moi. Je ne pourrais certes pas leur faire beaucoup de mal.

— Ce n’est pas possible qu’il soit aussi inoffensif qu’il veut bien le faire croire, se dit la chouette. Essayons toujours !

Là-dessus elle s’éleva en l’air, puis fondit sur Nils Holgersson, et lui enfonça ses griffes dans les épaules, en cherchant du bec à lui crever les yeux. D’un bras, le gamin se couvrit le visage ; de l’autre il essaya de se dégager, en appelant au secours de toutes ses forces. Il se rendait compte qu’il était en péril de mort.

Or, précisément l’année où Nils Holgersson voyageait avec les oies sauvages, il y avait une personne qui ne cessait de penser à un livre qu’elle voulait écrire sur la Suède, un livre de lecture pour les enfants des écoles. Elle y avait pensé de la Noël jusqu’à l’automne, mais elle n’avait pas encore écrit une ligne, et finalement elle était si lasse qu’elle se disait :

— Tu n’en es pas capable. Assieds-toi à ton bureau, fais des contes et des histoires comme tu as l’habitude d’en faire, et laisse à un autre le soin d’écrire un livre qui soit instructif et sérieux et où, surtout, il n’y ait pas un mot qui ne soit vrai !

Il était presque entendu qu’elle abandonnerait l’entreprise, quoique avec regret, car elle aurait beaucoup aimé à écrire de belles choses sur la Suède. Elle eut un moment l’idée que son incapacité venait peut-être