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le merveilleux voyage de nils holgersson

La chouette était demeurée perchée, ce soir-là comme tous les autres, sur un échelon de la grande échelle appuyée contre le toit de la maison ; de là elle inspectait les allées et les pelouses, en quête de rats. À son grand étonnement aucune peau grise ne s’était encore montrée. Mais elle avait aperçu quelque chose qui ressemblait à un homme en miniature.

— Voilà, se dit-elle, ce qui effraie les rats. Qu’est-ce que cela peut bien être ?

— Ce n’est pas un écureuil, ni un petit chat, ni une belette ; un oiseau qui depuis si longtemps habite une maison de bourgeois devrait connaître tout ce qu’il y a au monde. Mais ceci passe mon entendement.

Elle avait fixé l’étrange créature qui remuait sur le sol au point que ses yeux semblaient lancer des flammes. Enfin la curiosité l’avait emporté sur la prudence et elle était descendue voir ce que c’était.

Tandis que le gamin parlait, elle se pencha en avant pour mieux l’examiner.

— Il n’a ni griffes ni piques, pensait-elle, mais qui me dira qu’il ne possède pas un dard empoisonné ou une autre arme encore plus dangereuse ? Je ferai bien de me tenir sur mes gardes.

— Le domaine s’appelle Mârbacka, répondit-elle, et il a été jadis habité par des bourgeois. Mais qui es-tu, toi ?

— Je songe à venir m’installer ici, dit le gamin sans répondre à la question de la chouette.

— Le domaine n’est pas grand’chose maintenant en comparaison de ce qu’il a été autrefois, dit la chouette, mais on peut toujours trouver à y vivre. Cela dépend surtout du genre de vie que tu veux