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à travers la suède

volaient autour de lui. Toutes caquetaient et battaient des ailes. Les yeux éblouis, les oreilles assourdies, il ne savait si elles volaient haut ou bas ni quel était le but du voyage.

Enfin il se ressaisit, et comprit qu’il devait tâcher de savoir où on le conduisait. Mais comment aurait-il le courage de regarder en bas ?

Les oies sauvages ne volaient pas très haut, car leur nouveau compagnon de voyage n’aurait pu respirer un air trop léger. À cause de lui elles volaient aussi moins vite qu’à l’ordinaire.

Enfin le gamin eut l’audace de jeter un regard au-dessous de lui. Il fut surpris de voir étendue là-bas comme une grande nappe, divisée en une infinité de grands et de petits carreaux.

« Où pouvons-nous bien être ? » se demanda-t-il.

Il regarda encore. Rien que des carreaux. Il y en avait d’étroits et longs ; quelques-uns étaient de biais, mais partout l’œil rencontrait des angles et des bords droits. Rien de rond, aucune courbe.

« Qu’est-ce donc que cette grande pièce d’étoffe à carreaux ? » grommela-t-il, sans attendre de réponse.

Mais les oies sauvages qui volaient autour de lui crièrent immédiatement : « Des champs et des prés. Des champs et des prés. »

Il comprit alors que l’étoffe à carreaux était la plaine de Scanie qu’on traversait. Et il comprit aussi pourquoi elle semblait si bariolée. Les carreaux vert tendre, il les reconnut d’abord : c’étaient les champs de seigle ensemencés l’automne précédent et restés verts sous la neige. Les carreaux gris-jaunâtre étaient des chaumes où en été il y avait eu du blé, les carreaux bruns, d’anciens champs de trèfle, les