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le merveilleux voyage de nils holgersson

large ceinture sombre au-dessus de laquelle bleuissait à l’est une rangée de collines ; le long de l’horizon occidental courait en forme d’arc une chaîne de montagnes étincelantes, pointues, dentelées, d’une couleur si douce et si tendre qu’elle n’a pas de nom, et que Nils n’aurait pu la dire ni rouge, ni blanche, ni bleue ; il n’y avait pas de nom pour cette couleur. Tout autour du lac, dans la bande jaune s’élevaient un peu partout des églises blanches et des villages rouges, et juste à l’est, de l’autre côté du détroit qui séparait l’île de la terre ferme, adossée à une montagne protectrice, s’étendait sur la rive une ville, au milieu d’un pays fertile et cultivé. « Voilà une ville qui a su se procurer une belle et bonne situation, songea Nils. Je me demande quel est son nom. »

En ce moment il sursauta. Plongé dans la contemplation du pays, il n’avait pas remarqué que des visiteurs s’étaient approchés de la tour. Ils montaient les escaliers d’un pas si rapide qu’il eut à peine le temps de trouver une cachette.

C’étaient des jeunes gens et des jeunes filles qui faisaient ensemble une excursion à pied à travers le Jemtland. Ils se félicitaient d’être arrivés à la ville d’Œstersund la veille au soir pour jouir le matin de cette belle vue du Frösö, d’où l’on distinguait plus de vingt milles à la ronde. Ils se montraient et se nommaient les églises et les fjells. Les plus proches étaient les fjells d’Ovik, ils étaient d’accord sur ce point ; mais lequel de ces sommets était l’Areskutan ?

Une jeune fille tira de son sac une carte qu’elle déploya sur ses genoux, et ils s’assirent pour l’étudier. Nils fut inquiet de les voir rester si longtemps. Le jars ne pourrait venir le chercher pendant qu’ils