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à travers la suède

espèces, mais il ne reconnaissait que les oies sauvages, qui volaient sur deux longues lignes formant un angle.

Plusieurs bandes d’oies avaient déjà passé. Elles volaient très haut, mais il entendait pourtant leurs cris : « Nous partons pour les fjells. Nous partons pour les fjells. »

Lorsque les oies sauvages apercevaient les oies domestiques qui se promenaient dans la basse-cour, elles abaissaient leur vol, et criaient : « Venez avec nous ! Venez avec nous ! Nous partons pour les fjells. »

Les oies domestiques ne pouvaient s’empêcher de lever la tête pour écouter. Mais elles répondaient, pleines de bon sens : « Nous sommes bien ici. Nous sommes bien ici. »

C’était, comme nous l’avons dit, un jour merveilleusement beau avec un air qui invitait au vol, si frais, si léger. À mesure que de nouvelles bandes passaient, les oies domestiques devenaient plus inquiètes. Elles battaient par moment des ailes comme décidées à suivre les oies sauvages. Mais chaque fois il se trouvait parmi elles quelque vieille commère qui disait : « Ne faites donc pas les folles. Celles-là auront à souffrir de la faim et du froid. »

Or, il y avait un jeune jars à qui les appels des oies sauvages avaient donné une grande envie de partir. — « S’il vient encore une bande, je l’accompagnerai », dit-il.

Une nouvelle bande arriva, appelant comme les précédentes. Alors le jars répondit : « Attendez ! Attendez ! Je viens. »

Il déploya ses ailes et s’éleva dans l’air, mais il avait si peu l’habitude de voler qu’il retomba à terre.