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à travers la suède

la tête en arrière, et menaçaient de leurs cornes.

— Viens un peu, criait Rose de Mai, et je te donnerai un coup de pied que tu n’oublieras pas de sitôt !

— Viens, dit Lys d’Or, je te ferai danser sur mes cornes !

— Viens ici, approche un peu et je t’apprendrai ce que je ressentais, moi, l’été dernier, lorsque tu me lançais ton sabot ! rugit l’Etoile.

— Viens ! je te ferai payer la guêpe que tu me lâchais dans l’oreille ! beugla Lys d’Or.

Rose de Mai, l’aînée et la plus sage d’entre elles, était la plus furieuse. — Viens, dit-elle, tu seras récompensé pour avoir si souvent tiré le pied de l’escabeau, au moment où ta mère allait nous traire, pour tous les crocs-en-jambe que tu lui as donnés lorsqu’elle passait emportant les seaux de lait, pour toutes les larmes qu’elle a pleurées ici-même sur toi.

Le gamin aurait voulu leur dire qu’il regrettait d’avoir été méchant envers elles, et qu’il ne recommencerait plus jamais, si seulement elles consentaient à lui dire où était le tomte. Mais les vaches faisaient un tel tapage et s’agitaient si violemment qu’il eut peur de les voir se détacher ; il jugea plus prudent de se glisser hors de l’étable.

Dans la cour, il se sentit très découragé. Il se rendait compte que personne n’était disposé à l’aider à trouver le tomte. D’ailleurs, le trouvât-il, cela ne servirait probablement pas à grand’chose.

Il grimpa sur le mur de pierres sèches qui entourait la ferme, et qui disparaissait par endroits sous les ronces et les épines. Il s’y assit pour réfléchir à ce qu’il arriverait s’il ne redevenait pas homme. D’abord lorsque père et mère reviendraient de l’église, quel étonnement ! Oui, il y aurait de l’ébahissement