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le merveilleux voyage de nils holgersson

demander. J’ai vu un jour apporter au Skansen Gorgo, l’aigle. Il avait l’air piteux, et j’ai songé à limer quelques fils de fer de sa volière pour le laisser sortir. Puis je me suis dit que c’était un dangereux brigand, un mangeur d’oiseaux. Je ne savais si j’avais le droit de le relâcher, et j’ai pensé qu’il valait peut-être mieux le laisser où il était. Qu’en pensez-vous, mère Akka ? Je n’ai pas eu tort, n’est-ce pas, de raisonner ainsi ?

— Tu as eu tort, répondit Akka sans hésiter. Quoi qu’on dise des aigles, ce sont des oiseaux fiers et qui aiment la liberté plus que tous les autres animaux, et l’on ne doit pas les retenir captifs. Sais-tu ce que je te proposerai ? Dès que tu seras reposé, nous deux nous ferons un voyage jusqu’à cette grande prison d’oiseaux pour que tu délivres Gorgo.

— J’attendais de vous ce mot-là, mère Akka, dit le gamin. On dit que vous n’avez plus d’affection pour celui que vous avez élevé avec tant de peine, parce qu’il vit comme sont forcés de vivre les aigles. Je vois bien qu’on se trompe. J’irai maintenant voir si le jars blanc est enfin éveillé ; si, pendant ce temps vous vouliez remercier d’un mot celui qui m’a rapporté parmi vous, vous le trouverez, là-haut, sur le gradin où vous avez une fois trouvé un petit aiglon abandonné.