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le merveilleux voyage de nils holgersson

du fleuve et autour d’elles des villages s’étaient groupés.

C’était un beau pays. Le gamin put le voir tout à son aise, car l’aigle remontait les vallées l’une après l’autre, en quête du petit ménétrier Klement Larsson.

Comme le matin avançait, il y avait une animation extraordinaire dans beaucoup de fermes. Les portes des étables s’ouvraient à deux battants et l’on faisait sortir le bétail. C’étaient de belles vaches claires, de petite taille, agiles, à la démarche sûre, gaies et cabriolantes. Puis ce fut le tour des veaux et des moutons, et leur joie de sortir après le long hiver se manifestait par des bonds et des gambades.

Des jeunes filles, sac au dos, couraient entre les bêtes. Un gamin, muni d’une longue gaule, s’efforçait d’empêcher les moutons de se débander. Un chien se démenait parmi les vaches, aboyant et jappant. Le fermier attelait un cheval à une charrette chargée de tinettes à beurre vides, de clayons à fromage, et de provisions. Tout le monde riait et fredonnait ; les gens étaient aussi heureux que les bêtes.

Enfin, on se mit en route pour la forêt. Une jeune fille, marchant en tête, lançait de temps en temps des appels sonores. Le bétail la suivait. Le berger et le chien couraient de tous côtés pour s’assurer qu’aucun animal ne restait en arrière. Le paysan et le valet fermaient le cortège, retenant chacun d’un côté la charrette qui tressautait sur l’étroit sentier caillouteux.

C’était décidément le jour où, selon la coutume, les fermiers du Helsingland envoyaient leurs troupeaux passer l’été dans la montagne, car de chaque vallée