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le merveilleux voyage de nils holgersson

une bêche, et à la main un panier de provisions. La petite armée se mit en route vers la montagne, drapeau en tête, escortée des maîtres et des maîtresses d’écoles, et suivie de deux gardes forestiers et d’un cheval qui traînait une charretée de plants de pin et de graines de sapin.

Cette longue procession suivit les vieux petits chemins des chalets d’été ; les renards étonnés sortaient le museau de leurs tanières et se demandaient quels étaient ces gardeurs de bestiaux sans bêtes. Elle traversa les clairières des anciennes meules de charbon ; et les becs-croisés se disaient en eux-mêmes : « Quels sont donc ces nouveaux charbonniers ? »

Enfin le cortège arriva sur la hauteur incendiée. Les pierres s’y étalaient nues, sans ce revêtement de fines guirlandes de linnées qu’elles avaient jadis ; les roches s’étaient dépouillées de la belle mousse argentée et du lichen que broutent les rennes. L’eau noire qui stagnait aux creux des rochers n’était bordée ni de feuilles de calla ni de surelles. Les petits coins de terre qui restaient dans les crevasses ne portaient ni fougères, ni pyroles blanches, ni rien de toutes ces choses vertes, rouges, légères, délicates, gracieuses qui d’ordinaire tapissent le fond des forêts.

On eût dit qu’un rayon de soleil illuminait la montagne grise, lorsque les enfants de la commune s’y répandirent. On y revoyait donc quelque chose de fin, de gai, de frais, de rose, quelque chose de jeune et de vivant !

Lorsque les enfants se furent reposés et que leurs paniers de provisions leur eurent rendu des forces, ils saisirent leurs pioches et leurs bêches. Le garde