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à travers la suède

maison n’avait fait son apparition. Dès que les poules le virent, elles se turent et firent semblant d’être uniquement occupées à gratter le sol et à chercher des vers.

Le gamin courut vers le chat. « Mon petit Minet, dit-il, toi qui connais si bien tous les trous et les coins et recoins de la ferme, tu serais bien gentil de me dire où je trouverai le tomte. »

Le chat ne répondit pas tout de suite. Il s’assit, disposa élégamment sa queue autour de lui, et fixa le gamin. C’était un grand chat noir à la poitrine blanche. Ses poils lisses brillaient au soleil. Ses griffes étaient bien rentrées. Ses yeux étaient entièrement gris, avec une toute petite fente étroite au milieu. Il avait un air bonasse.

— Certainement je sais où demeure le tomte, dit-il d’une voix très douce, mais crois-tu que je vais te le dire ?

— Mon cher Minet, il faut que tu m’aides. Tu ne vois donc pas qu’il m’a ensorcelé ?

Le chat entr’ouvrit ses paupières, et un reflet vert signifia sa méchanceté. Il ronronna et ronfla de plaisir avant de répondre.

— Tu veux que je t’aide pour te remercier de m’avoir si souvent tiré la queue ? dit-il enfin.

Le gamin se fâcha et oublia complètement qu’il était petit et impuissant. — « Je pourrais bien encore te tirer la queue, moi, s’écria-t-il. Attends un peu ! »

En un instant le chat fut si transformé qu’on aurait à peine dit le même animal. Chaque poil de son corps se hérissait. Le dos s’était voûté, les pattes s’étaient allongées, les griffes égratignaient le sol, la queue était devenue épaisse et courte, les oreilles