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ceux à qui il montrait la route. Il y eut un fourmillement de têtes et tant d’animation, que Nils n’eut pas le temps de s’ennuyer un seul instant.

Le jour de la forêt

Sur le large dos de la montagne où Gorgo avait laissé Poucet, un incendie avait passé, une dizaine d’années auparavant. Les arbres carbonisés avaient été abattus et enlevés. La hauteur s’élevait, nue et terriblement déserte. Des souches noires entre les pierres témoignaient que jadis il y avait eu là des bois, mais on ne voyait nulle part les jeunes pousses sortir de la terre.

Les gens s’étonnaient que la montagne ne se reboisât pas, mais on oubliait que lors du grand incendie le sol avait souffert d’une longue sécheresse. Aussi non seulement les arbres avaient tous brûlé ainsi que la bruyère et la mousse, le myrte bâtard et l’airelle, toute la végétation ; mais le terreau même, peu profond sur le rocher, était devenu sec et friable comme de la cendre. Au moindre souffle il tourbillonnait, et la hauteur, balayée par tous les vents, découvrit bientôt son ossature de roc. L’eau des pluies contribuait encore à emporter la terre, et depuis dix ans que le vent et l’eau s’étaient conjurés pour nettoyer la montagne, elle était devenue si dénudée et si chauve qu’on pouvait croire qu’elle resterait ainsi jusqu’à la fin du monde.

Mais voici qu’un jour, on avait convoqué tous les enfants de la commune devant une des écoles, chacun d’eux portant sur une épaule une pioche ou