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à travers la suède

On s’étonnera peut-être que Klement Larsson n’eût pas rendu la liberté au tomte, mais il faut se rappeler combien le petit ménétrier avait la tête tournée en quittant le Skansen. Le matin de son départ il avait pourtant songé au tomte ; malheureusement il ne trouva pas de bol bleu. Et tous les gens du Skansen, Lapons, Dalécarliennes, jardiniers et ouvriers, tous venaient prendre congé de lui. Au moment du départ, n’ayant toujours pas pu mettre la main sur un bol bleu, il eut recours aux services d’un vieux Lapon : « Il y a ici au Skansen un tomte, lui confia-t-il. Je lui donne à manger tous les matins. Prends ces quelques sous ; tu achèteras un bol bleu ; tu y mettras demain matin un peu de nourriture et le placeras sous le perron de la cabane de Bollnäs. » Le Lapon eut l’air très étonné, mais Klement n’avait pas le temps de lui fournir de longues explications, car il était temps de se rendre à la gare.

Or, le Lapon était en effet descendu dans la ville pour exécuter sa promesse, mais, ne trouvant pas de bol bleu qui fît son affaire, il en acheta un blanc que par la suite il remplit régulièrement tous les matins et plaça à l’endroit indiqué.

Voilà comment, Klement étant parti, Nils demeura retenu au Skansen par sa promesse.

Cette nuit-là le gamin soupirait plus que jamais après la liberté, car le printemps et l’été étaient venus pour tout de bon. Le sol était vert, les bouleaux et les peupliers arboraient des feuilles soyeuses, les cerisiers et beaucoup d’autres arbres étaient en fleurs, les chênes dépliaient prudemment leurs petites feuilles, les pois, les haricots et les choux poussaient dans les plates-bandes du Skansen. « Comme il serait bon de naviguer dans l’air tiède sur