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le merveilleux voyage de nils holgersson

— Pourquoi ne puis-je nager comme les autres ?

— Tes serres sont devenues trop crochues pendant que tu restais là-haut sur la montagne, dit Akka. Mais ne te désole pas ! Tu seras un brave oiseau quand même.

Les ailes de l’aiglon grandissaient vite, mais il n’eut pas l’idée de s’en servir pour voler avant l’automne, époque où les oisons apprirent à voler. Ce fut pour lui un fier moment, car dans ce sport il fut vite le premier. Ses camarades ne restaient jamais longtemps dans l’air, il y passa bientôt tout son temps. Il ne s’était pas encore rendu compte qu’il était d’une autre espèce que les oies, mais il remarqua une foule de choses sur lesquelles il questionna Akka.

— Pourquoi les lagopèdes et les lemmings se sauvent-ils lorsque mon ombre tombe sur le fjell ? Ils ne montrent pas cette terreur devant les oisons ?

— C’est que tes ailes ont trop poussé pendant que tu étais là-haut sur le gradin, dit Akka. Cela les effraie. Mais ne te désole pas. Tu n’en seras pas moins un brave oiseau.

Quand les oies sauvages partirent en automne pour leur migration, Gorgo les suivit. Il se considérait toujours comme des leurs. Or l’air était rempli d’oiseaux en route pour les pays chauds, et ce fut un beau tapage, lorsqu’ils aperçurent dans la suite d’Akka un aigle. Des essaims de badauds entouraient toujours le triangle des oies. Akka les suppliait de se taire, mais comment lier tant de langues bavardes ?

— Pourquoi m’appellent-ils l’aigle ? demandait sans cesse Gorgo, toujours plus agacé. Ne voient-ils pas que je suis des vôtres ? Je ne suis pas de