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le merveilleux voyage de nils holgersson

si le tomte avait eu la prévoyance de changer jusqu’à ses sabots, n’était-il pas à supposer que cette malheureuse aventure allait se prolonger ?

Sur la vieille marche en bois de chêne, devant la porte, un moineau sautillait. À peine eut-il aperçu le gamin, qu’il se mit à pépier et à crier : « Tui-tuit, vois. Regarde Nils, le gardeur d’oies ! Regarde le petit Poucet ! Regarde Nils Holgersson Poucet ! »

Les oies et les poules se tournèrent tout de suite vers Nils ; il y eut un gloussement et un caquettement formidables. « Cocorico ! chanta le coq, c’est bien fait ! » — « Cra, Cra, Cra, c’est bien fait ! » crièrent les poules, et elles continuèrent indéfiniment à répéter la même chose. Les oies se rassemblèrent, se serrant les unes contre les autres, allongeant leurs têtes toutes ensemble, et elles demandaient : « Qui a pu faire ça ? Qui a pu faire ça ? »

Le plus merveilleux, c’est que le gamin comprenait leur langage. Surpris, il demeura un moment sur la marche à les écouter.

« C’est parce que je suis changé en tomte que je connais le langage des oiseaux. »

Il trouvait insupportables les poules qui ne cessaient de glousser et de crier que c’était bien fait. Il leur lança une pierre pour leur imposer silence : « Voulez-vous vous taire, canailles. »

Malheureusement il avait oublié qu’il n’était plus de taille à faire peur aux poules. Toute la troupe se précipita vers lui, l’encercla et se mit à glousser : « Cra, cra, cra, c’est bien fait ! Cra, cra, cra, c’est bien fait ! »

Le gamin essaya de s’échapper, mais les poules le poursuivirent, en criant à le rendre sourd. Il n’aurait jamais pu s’en débarrasser, si le chat de la