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à travers la suède

Mais surtout, Klement, pour lire ton livre, il faut t’asseoir ici sur la hauteur ! Il faut que tu voies l’allégresse des vagues joueuses, et la beauté de ces rives étincelantes. Il faut être sous le charme, Klement !

Le beau vieux monsieur avait élevé le ton ; sa voix résonnait, forte et impérieuse, et ses yeux jetaient des éclairs. Il se dressa et quitta Klement avec un petit signe de la main. Et Klement comprit que celui qui lui avait parlé était un très grand seigneur. Il s’inclina profondément.

Le lendemain un laquais royal apporta à Klement un gros livre rouge et une lettre. Et la lettre disait que le livre venait du roi.

Après cet événement le petit Klement Larsson eut pendant plusieurs jours la tête à l’envers. Au bout d’une semaine, il alla donner sa démission au directeur. Il était forcé de retourner dans son pays.

— Et pourquoi ? demanda le directeur. Tu ne te plais donc pas ici ?

— Bien sûr que je m’y plais maintenant, mais il faut que je rentre.

En réalité Klement était dans un grand embarras : le roi lui avait ordonné d’apprendre à connaître Stockholm et à s’y plaire, mais comment Klement pourrait-il renoncer au bonheur de raconter dans son pays que le roi en personne lui avait donné cet ordre ? Il avait besoin de réunir du monde autour de lui le dimanche, à la sortie de l’église du pays, et de raconter que le roi avait été bon pour lui, s’était