Page:Lagerlöf - Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, trad. Hammar, 1912.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
284
le merveilleux voyage de nils holgersson

pendant très longtemps elles sont restées inhabitées. Personne ne remarquait leur situation favorable entre deux provinces et deux grandes eaux. Les années passaient. Des gens vinrent habiter les îles du Mälar et celles de la Baltique, mais les îles du fleuve n’avaient toujours pas d’habitants. Parfois il arrivait qu’un navigateur y abordait et y dressait sa tente pour une nuit. C’était tout.

Or, un jour, un pêcheur s’était attardé à la pêche dans le Mälar. Rentrant chez lui, il fut surpris dans la Baltique par l’obscurité. Il résolut d’aborder dans l’un des quatre îlots pour y attendre que la lune se levât.

C’était à la fin de l’été ; il faisait encore chaud et beau, bien que les soirs fussent déjà sombres. Le pêcheur s’étendit dans l’herbe, la tête contre une pierre, et s’endormit. Quand il se réveilla, la lune était levée depuis longtemps. Elle éclairait si magnifiquement la terre qu’on se serait cru en plein jour.

Il sauta sur ses pieds, et se prépara à remettre son bateau à flot ; tout à coup il aperçut au loin des points noirs qui remuaient. C’était une bande de phoques qui se dirigeait droit vers l’île. Au moment où les phoques allaient grimper à terre, le pêcheur se baissa pour chercher l’épieu qu’il emportait toujours dans son bateau. Quand il se redressa, les phoques avaient disparu : à leur place il y avait sur la rive les plus belles jeunes filles, vêtues de longues robes traînantes de soie verte et couronnées de perles. Le pêcheur comprit : c’étaient des ondines qui demeuraient loin dans la mer, et qui avaient pris l’apparence de phoques pour venir à terre s’amuser au clair de lune sur les îles vertes.

Après les avoir regardées danser un moment sous