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à travers la suède

il raconta combien il était tourmenté par le mal du pays.

— Comment ? fit le beau vieux monsieur. Tu t’ennuies, quand tu es à Stockholm ? Est-ce possible ?

Le vieux monsieur eut un air presque blessé. Puis, se ravisant, il se dit qu’il avait affaire à un pauvre paysan du Helsingland ; il reprit sa mine bienveillante.

— Tu n’as sans doute jamais entendu raconter comment a été fondée la ville de Stockholm ? Sinon tu comprendrais que ta nostalgie n’est que chimères. Viens jusqu’à ce banc là-bas ; je te parlerai de Stockholm !

Le vieux monsieur s’assit et considéra pendant quelques instants Stockholm qui s’étendait splendide à ses pieds ; il respira profondément, comme pour aspirer toute la beauté du paysage. Puis il se tourna vers le ménétrier.

— Regarde, Klement ! dit-il en dessinant une petite carte sur le sable. Voici l’Uppland qui pousse vers le sud une pointe déchiquetée de baies. Et voilà la Sudermanie qui vient à sa rencontre avec une autre pointe également déchiquetée ; un lac vient de l’ouest, rempli d’îles : c’est le Mälar ; de l’est accourt une autre eau qui ne réussit qu’à grand’peine à se frayer un chemin entre des îles et des écueils : c’est la Baltique. Ici même, Klement, au lieu où l’Uppland rencontre la Sudermanie et le Mälar la Baltique, il y a un petit fleuve très court qui réunit les deux eaux, et dans ce fleuve il y avait jadis quatre îles, le divisant en plusieurs bras. L’un de ces bras s’appelle maintenant le Norrström.

Ces îles n’étaient au début que des îlots boisés ordinaires, tels qu’il y en a tant dans le Mälar ;