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le merveilleux voyage de nils holgersson

que le tomte a enchanté le fauteuil et la table et toute la maison. »

Le sermonnaire était toujours ouvert sur la table et ne paraissait pas changé ; pourtant il vit bien qu’il y avait là encore quelque chose de bizarre, car il ne put lire un seul mot sans se placer debout sur le livre même.

Il lut quelques lignes, puis leva la tête. Ses yeux tombèrent de nouveau sur la glace, et il s’écria tout haut : « Tiens, en voilà encore un ! »

Dans le miroir, il voyait nettement un petit, tout petit homme en bonnet pointu et en culottes de peau.

— Celui-là est habillé exactement comme moi, s’écria-t-il en joignant les mains de surprise. Alors le petit bonhomme de la glace fit le même geste.

Le gamin se mit à se tirer les cheveux, à se pincer, à pirouetter sur lui-même ; aussitôt l’homme de la glace imitait ses mouvements.

Rapidement il fit le tour de la glace pour voir s’il y avait quelqu’un caché là derrière. Mais il n’y avait personne. Il se prit alors à trembler, car il comprenait tout à coup que le tomte l’avait ensorcelé, et que l’image reflétée par la glace était son image à lui.

Les oies sauvages

Cependant le gamin ne pouvait se faire à l’idée qu’il était transformé en tomte. « Ce ne peut être qu’un rêve ou une imagination », pensait-il. « Si j’attends quelques instants, je serai encore un être humain. »