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le merveilleux voyage de nils holgersson

qu’une petite vieille qui marchait toute courbée et qui avait un visage bon et doux, s’approcha dans le sentier et s’arrêta en face d’eux.

— Pourquoi donc est-ce qu’on pleure, les petits ? demanda-t-elle.

Les enfants lui racontèrent qu’ils n’avaient pas su leur leçon à l’école, et qu’ils avaient trop honte pour rentrer chez eux.

— Quelle était donc cette leçon si difficile ? Les enfants répondirent qu’ils avaient eu tout l’Uppland en leçon.

— Ce n’est peut-être pas si facile d’apprendre d’après des livres, dit la vieille femme, mais je vais vous raconter ce que ma mère à moi m’a appris sur ce pays. Je n’ai pas été à l’école, moi, et je ne suis jamais devenue savante, mais je me suis toujours rappelée ce que ma mère m’avait appris.

— Eh bien, commença la vieille femme en s’asseyant sur une pierre, ma mère disait qu’il y a longtemps l’Uppland était la plus pauvre et la plus humble de toutes les provinces de Suède. Il se composait seulement de tristes champs d’argile et de petites collines pierreuses et basses, comme il y en a encore à plusieurs endroits bien que nous, qui demeurons ici près du Mälar, n’en voyions guère.

« Enfin, toujours est-il que c’était un pays pauvre et misérable. L’Uppland se sentait méprisé des autres provinces ; un jour il en eut assez : il prit une besace sur son dos et un bâton à la main et partit pour demander l’aumône auprès de ceux qui étaient plus riches.

« L’Uppland alla d’abord vers le sud jusqu’en Scanie. Il se plaignit de sa pauvreté et demanda un petit morceau de terre. « On ne sait vraiment que