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le merveilleux voyage de nils holgersson

eussent passé sous leur nez. Nils ne jugea pas nécessaire de leur demander secours. Il se contenta de les suivre de très près, espérant bien que le renard n’oserait pas s’approcher des hommes.

Ils atteignirent ainsi les cabanes et entrèrent ensemble dans l’une d’elles. Nils avait pensé se faufiler sur leurs pas, mais arrivé sur le perron, il aperçut un grand et fort chien de garde à longs poils qui se précipitait au-devant de son maître. Cela le fit changer d’idée.

— Écoute, chien de garde ! fit-il à voix basse, dès que les hommes eurent fermé la porte. Veux-tu m’aider à attraper un renard ?

Le chien de garde avait la vue faible ; il était devenu hargneux et méchant à force de demeurer attaché ; il répondit par un aboiement furieux :

— Attraper un renard ? Qui es-tu, toi qui viens me bafouer ? Approche un peu plus près et je t’apprendrai à te moquer de moi.

— Je n’ai pas peur de venir près de toi, répondit Nils en accourant. Le chien, en l’apercevant, fut si stupéfait qu’il ne trouva pas un mot à dire.

— C’est moi qu’on appelle Poucet, et qui accompagne les oies sauvages. N’as-tu pas entendu parler de moi ?

— Je crois en effet que les pierrots ont gazouillé quelque chose sur toi, dit le chien. Il paraît que tu as fait de grandes choses.

— J’ai vraiment eu beaucoup de chance jusqu’ici, répondit le gamin, mais cette fois je suis mort si tu ne me sauves. Un renard me poursuit. Il s’est caché derrière le coin de la maison.

— En vérité, je le flaire, répondit le chien. Mais tu en seras vite débarrassé.