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le merveilleux voyage de nils holgersson

— Envole-toi, jars, vole, vole ! lui jeta Akka, car elle comprit que les cygnes lui arracheraient jusqu’à la dernière plume blanche.

— Envole-toi ! envole-toi ! cria aussi Poucet. Mais le jars, serré entre les cygnes, n’avait pas assez de place pour lever ses ailes. De tous côtés les cygnes tendaient leurs becs vigoureux pour le plumer.

Il se défendait de son mieux, donnant des coups de bec de tous côtés. Les autres oies attaquèrent aussi les cygnes. Mais l’issue du combat n’eût point été douteuse, si tout à coup les oies n’avaient reçu un renfort inattendu.

Une fauvette avait observé ce qui se passait. Elle lança l’appel aigu dont se servent les petits oiseaux pour se rallier afin de chasser un épervier ou un faucon. À peine l’appel eut-il retenti trois fois que tous les petits oiseaux de la contrée accoururent à tire d’ailes et se précipitèrent en un essaim bruyant vers la baie de Hjelsta.

Ces petits êtres faibles se jetèrent sur les cygnes. Ils piaillaient à leurs oreilles, les aveuglaient avec leurs ailes, leur faisaient perdre la tête en criant : « Honte, honte, cygnes ! Honte, honte, cygnes ! »

L’assaut des petits oiseaux fut de courte durée, mais lorsqu’ils furent partis et que les cygnes se furent ressaisis, les oies sauvages s’étaient envolées vers l’autre rive.

Le nouveau chien de garde

Heureusement les cygnes étaient trop fiers pour poursuivre les oies. Elles purent en toute tranquillité s’endormir sur un banc de roseaux.