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le merveilleux voyage de nils holgersson


Les cygnes de la baie de Hjelsta

Le refuge le plus sûr pour tous les oiseaux aquatiques qui séjournent dans le Mälar, est la baie de Hjelsta ; on appelle ainsi la partie la plus reculée du golfe d’Ekolsund, prolongement de la nappe d’eau de Björkö, qui est la deuxième en grandeur des longues sinuosités par lesquelles le Mälar s’enfonce dans l’Uppland.

La baie de Hjelsta a des rives très basses ; l’eau peu profonde est envahie par les bancs de roseaux. Elle offre une résidence excellente aux oiseaux qui y vivent en paix. Il y a là un peuple nombreux de cygnes ; le propriétaire de l’ancien domaine royal d’Ekolsund, situé tout auprès, a interdit la chasse dans la baie afin de ne pas les inquiéter.

Akka, dès que le message lui fut parvenu, se rendit à la baie de Hjelsta. Elle y arriva avec sa bande un soir, et vit tout de suite l’étendue du désastre. Les grands nids des cygnes, arrachés de leur attaches, flottaient au gré du vent. Quelques-uns s’étaient déjà désagrégés, deux ou trois avaient chaviré, et les œufs qu’ils avaient contenus, brillaient au fond de l’eau.

Les cygnes étaient réunis dans le coin de l’est où ils étaient le mieux à l’abri du vent. Bien qu’ils eussent beaucoup souffert de l’inondation, ils étaient trop fiers pour montrer leur chagrin.

— Bien la peine de gémir, disaient-ils ; les fibres et les brins d’herbes ne manquent pas. Nous referons nos nids, voilà tout.

Aucun d’eux n’avait eu l’idée d’envoyer chercher