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le merveilleux voyage de nils holgersson

Son courage n’allait pourtant pas jusqu’à oser toucher de ses mains le tomte. Aussi chercha-t-il des yeux un objet avec lequel il pût lui porter un coup. Ses regards erraient du lit-canapé à la table et de la table au fourneau. S’élevant vers les casseroles et la cafetière, placées sur une planchette, ils allaient au fusil du père suspendu au mur entre les portraits de la famille royale de Danemark, atteignaient les géraniums et les fuchsias qui fleurissaient devant la fenêtre, pour tomber enfin sur un vieux filet à papillons accroché au montant de la croisée.

À peine eut-il aperçu le filet à papillons, il le saisit vivement, bondit et le rabattit sur le bord du coffre. Il fut surpris lui-même de sa chance, car il avait bel et bien attrapé le tomte. Le pauvret gisait au fond du filet, la tête en bas, incapable d’en sortir.

Au premier abord le gamin ne sut que faire de sa proie. Il agitait seulement le filet afin d’empêcher le tomte de regrimper.

Le tomte se mit à parler et de tout son cœur le supplia de lui rendre la liberté. Il leur avait fait du bien pendant de longues années, dit-il, et méritait un autre traitement. Si le gamin le lâchait, il lui donnerait un vieux daler, une cuillère d’argent et une monnaie d’or grosse comme la montre du père.

Le gamin ne trouva pas cette offre très généreuse, mais depuis qu’il s’était emparé du tomte, il en avait peur. Il se rendait compte qu’il avait affaire à quelque chose d’étranger et d’effrayant, qui n’appartenait pas à son monde, et ne demandait qu’à sortir de cette aventure.

Aussi acquiesça-t-il immédiatement à la proposition du tomte, et cessa d’agiter le filet pour per-